Sorti le 20 juin 2025 sur la plateforme de streaming Netflix, le film Kpop Demon Hunter est sur toutes les lèvres. Mêlant savamment fantasy, romance et action pour en faire un mélange enivrant, la recette du succès est toute trouvée.
Aujourd’hui, chez Kpop in Paris, on vous en dit deux mots.

Un bref synopsis en guise de mise en bouche
Dans la Corée contemporaine, les HUNTR/X sont un trio de Kpop d’une popularité sans précédent. Décrochant toutes les récompenses et enchaînant les albums et les tournées à succès, elles sont le visage de la Kpop à l’échelle internationale.
Mais les trois femmes ne sont pas que des chanteuses accomplies… À l’aide de leur voix et d’un entraînement rigoureux, quand vient la nuit elles pourfendent les démons qui tentent de se nourrir des âmes d’innocents humains.
Pour ce faire, elles doivent rétablir le Honmoon, une barrière entre le monde des démons et celui des humains, établi par les générations avant elles et renforcé par les voix des chanteuses.
Leur ennemi de toujours, Gwima, ne compte bien sûr pas se laisser faire.
Sur les conseils d’un de ses sujets, Jinu, et pour lutter contre les pouvoirs et semer la discorde au sein du trio, le seigneur du monde des démons envoie sur Terre un Boysband démoniaque, les Saja Boys.
Pour protéger leurs fans et leur amitié, Zoey, Rumi et Mira vont devoir déjouer les ruses des démons.
Kpop Demon Hunter, un projet de longue date
Dès mars 2021, l’idée du film ‘Kpop Demon Hunter’ fait son apparition dans les studios de Sony Pictures Animation. A l’époque, le studio était déjà connu pour le film ‘Spider-Man: New Generation’, énorme succès grâce à son style visuel unique et rafraîchissant.
Le projet est porté par Chris Appelhans et Maggie Kang, futurs directeurs du film.
Lors de multiples interviews, Maggie Kang a annoncé vouloir faire de ce film une véritable lettre d’amour pour la Kpop et pour ses racines coréennes. Pour ce faire, elle s’est plongée dans la culture coréenne ainsi que sa mythologie et sa démonologie. Elle s’est notamment inspirée de l’image des shamans coréennes, figure historique connue pour leurs chants protecteurs et leurs rituels en tous genres.
Des personnages entre tradition et modernité
Dans cette même volonté de s’extraire des codes occidentaux et des Marvels aux super-héroïnes sexy et sans défaut, Maggie Kang a préféré créer des héroïnes amusantes, flemmardes et gourmandes. Résultat, tout le monde peut s’identifier à elles.
Pour autant, les inspirations pour les trois membres des HUNTR/X sont multiples. Entre Itzy, Blackpink, et Twice (qui ont d’ailleurs participé à la bande originale du film), tous les fans y trouvent un petit quelque chose de leurs chanteurs favoris.
D’ailleurs, le personnage de Mira a aussi été tout particulièrement inspiré par la mannequin Ahn So-yeon. Nous on voit la ressemblance, et vous ?


Dans les designs des personnages, aucun détail n’est laissé au hasard.
Les trois membres des HUNTR/X portent chacune un norigae. Il s’agit d’un accessoire traditionnel d’importance majeure en Corée du Sud qui se porte sur le Hanbok des femmes. Il est principalement esthétique mais revêt également le rôle de porte bonheur.

Même leurs armes sont basées sur des armes traditionnelles retrouvées dans la culture coréenne ! En avez vous reconnu certaines ?
Un boysband tout droit sorti de la mythologie
De leur côté, les Saja Boys ont également le droit à leurs modèles. Inspirés de groupes tels que Tomorrow X Together, BTS, Stray Kids, Ateez, BigBang et même Monsta X, les idols masculins du film piochent dans tous les concepts pour en tirer leur succès.

Le leader du groupe, Jinu, a également sa propre influence personnelle : le chanteur et acteur Cha Eun-Woo.
Il est d’ailleurs le seul membre du groupe a posséder un véritable prénom. Les autres représentent des archétypes utilisés par la Kpop, de par leur design et de par leurs pseudonymes.


Pour ce qui est de leurs designs, les Saja Boys se produisent en Hanbok noir et Gat (chapeaux traditionnels coréens) lors de leur performance phare ‘Your Idol’.
Cette tenue n’est pas sans rappeler l’apparence des Jeoseung Saja, les faucheurs d’âmes coréens. Il s’agit d’une figure mythologique qui revient d’ailleurs au goût du jour ! De plus en plus de dramas proposent leurs propres interprétations de ces personnages, c’est le cas notamment du délicieux ‘Tomorrow‘.
D’ailleurs, leur nom de scène « Saja Boys » a beau signifier « les garçons lion », il fait surtout référence à cette figure des contes et légendes coréens.

Des compagnons puisés dans la tradition
Même les animaux de compagnies de Jinu, Derpy le tigre et Sussy la pie, tirent leurs origines dans l’art coréen.
Le style Minhwa est un type d’art folklorique coréen qui a connu ses heures de gloire lors de la période Joseon. Il signifie littéralement “la peinture du peuple” et était un moyen d’expression pour de nombreux peintres, souvent restés anonymes.
Une de ses représentations traditionnelles, le hojakdo, illustre un tigre grotesque et ridicule. Ce dernier est le symbole de l’aristocratie coréenne, sourde aux revendications de la pie élégante, allégorie du peuple coréen. C’était à l’époque une façon pratique de caricaturer et faire passer un message politique, sous couvert d’un dessin.
Aujourd’hui, c’est un héritage mais aussi une source d’inspiration pour les nouvelles générations, en témoignent Sussy et Derpy.

Une bande son exclusive et réussie
La bande originale comporte de nombreuses chansons, écrites et produites par des grands noms de la scène musicale Kpop.
Pour vous donner un ordre d’idée, voici une courte liste de certains noms et quelques uns de leurs travaux les plus connus :
- Ejae : Psycho – RedVelvet ; Drama, Armageddon – Aespa
- Jenna Andrew : Vertigo – TVXQ! ; Fly Away with Me – NCT 127 ; Butter – BTS
- Teddy Park : Wedding Dress – Taeyang ; I Am The Best – 2NE1 ; Whistle, Boombayah, Stay, Playing with fire – Blackpink
Avec un tel casting rien que pour les compositeurs et les paroliers, évidemment que l’équipe n’allait pas s’arrêter là. Des interprètes de renom aussi étaient au rendez-vous pour prêter leurs voix aux personnages le temps des chansons ! Et Jeongyeon, Jihyo et Chaeyoung du groupe TWICE ont même interprété une version exclusive du single ‘Takedown’.
Aux USA, les chansons de l’album ont connu un succès tel que l’album s’est placé #8 du Billboard 200 à sa sortie, signant le meilleur début d’une bande originale en 2025. Selon la BBC, HUNTR/X sont arrivées numéro 2 des charts, dépassant Blackpink jusqu’alors meilleur groupe féminin dans les charts. Les Saja Boys ne sont pas en reste et sont devenus le meilleur groupe masculin de Kpop dans l’histoire de Spotify US, surpassant BTS.
D’ailleurs, les différentes chansons du film ont été traduites dans plusieurs versions. Les doublages français, espagnol, hébreu, hindi, japonais, portugais, russe et même turque… tous disposent de leurs propres versions des chansons !

D’ailleurs, le saviez-vous ? Kevin Woo, qui donne sa voix à Mystery lors des chansons, faisait autrefois partie du groupe UKISS.
Notre avis…
Attention, cette section peut comporter certains spoils ! Si vous n’avez pas encore vu le film et souhaitez garder la surprise, ne lisez pas.
Si le scénario n’a rien de fondamentalement original en lui-même car le cinéma regorge d’amours interdits et d’amitiés en danger, Kpop Demon Hunters arrive malgré tout à sortir du lot. Quel est son secret ?
Des personnages uniques en leur genre
Oui, les trois membres des HUNTR/X sont basés sur des archétypes déjà vus dans le cinéma (Mira = la meuf cool et nonchalante, Zoey = la jeune femme pleine d’énergie et toujours positive, Rumi = l’héroïne en proie à des conflits intérieurs). Mais pour autant, leur ajouter des défauts et leur ôter l’image de protagonistes exclusivement badass les rend attachantes et facilite l’identification du spectateur.
Entre les scènes où les filles rêvent de leur canapé ou s’envoient un festin de snacks avant les concerts, elles incarnent un certain aspect du quotidien de tout le monde et deviennent très vite des amies que l’on souhaiterait avoir.

A contrario, les personnages masculins sont relayés au second plan. En dehors de Jinu, les Saja Boys partagent tout au plus une quinzaine de répliques, se plaçant dans le paysage du film sans s’y imposer.
De la sorte, ils permettent aux personnages féminins de vraiment évoluer sans leur voler la lumière à l’écran. C’est un détail qui peut sembler anodin mais qui pourtant marque ! Beaucoup trop de films jouent la carte de la femme forte et indépendante mais qui ne l’est que grâce à un homme qui devient très vite un personnage trop récurrent.
Ici, même lorsque Jinu apporte son aide lors de la scène finale, son âme se change en une arme pour combattre Gwima, dépossédant le personnage de sa propre identité pour n’être plus qu’un objet.
Et même les animaux ne sont pas de simples sidekicks relayés à un élément de comique répétitif ! Derpy et Sussy sont de véritables vecteurs dans le récit et ont un rôle, et sans doute même leur propre histoire…
Un grand plongeon dans la culture coréenne
Loin des inspirations occidentales, tout l’esthétique du film Kpop Demon Hunters est emprunté à la culture coréenne. Des lieux aux personnages en passant par l’Histoire… même les détails aussi minimes que la nourriture et les écriteaux des villes, tout est très largement inspiré du pays du matin calme. Et les traditionnelles Ajummas ont elles aussi leur heure de gloire !
Quand le paysage médiatique que l’on connaît est étouffé par l’image de la société occidentale, ce film se place comme une véritable bouffée de fraîcheur. Et évidemment, il attire l’attention des spectateurs. Loin de l’image mainstream de la société américaine, il intrigue mais reste accessible même à ceux qui ne connaissent rien de la Corée du Sud.
Autant dire que cette alchimie mêlée à l’esthétique unique du studio Sony Pictures Animation, le film Kpop Demon Hunters a vraiment tout pour plaire. La preuve, on en redemande !
Vous aussi vous en voulez plus ?
Sachez que la réalisatrice Maggie Kang a dévoilé lors d’une interview qu’elle souhaiterait offrir un sequel au film. Et pourquoi pas quelques histoires parallèles pour étoffer l’univers et répondre aux questions encore en suspens ?
Retrouvez les sur les réseaux
Retrouvez ici un thread sur les concept art du film
Euni Cho : X
Pour en savoir un peu plus sur les contes de Corée, jetez un œil à notre article sur le festival « Bretagne et Corée, terres de légendes«