Diffusé pour la première fois durant l’été 2007, The 1st Shop Of Coffee Prince (커피프린스 1호점) s’est imposé comme l’un des dramas les plus marquants des années 2000 en Corée du Sud. Réalisé par Lee Yun-jeong, ce drama a avant tout retenu l’attention pour son côté léger et “feel good”. Mais aujourd’hui, 18 ans après sa première diffusion, que vaut encore ce drama ?
C’est ce que l’équipe KiP a tenté d’analyser en abordant quatre thématiques clés de ce drama.

Synopsis : Go Eun-chan est une jeune femme qui enchaîne les petits boulots afin subsister aux besoins de sa famille, à tel point qu’elle a totalement abandonné sa “féminité”. Elle croise un jour la route de Choi Han-gyeol, un jeune héritier d’une société de cafés. Ce dernier, qui prend immédiatement Eun-chan pour un garçon, lui demande de se faire passer pour son faux petit-ami lors de rendez-vous arrangés qu’il souhaite gâcher. Eun-chan accepte de jouer le jeu contre de l’argent. Plus tard, lorsque Han-gyeol se voit forcer de gérer le Coffee Prince, Eun-chan le supplie pour qu’il l’engage. Ainsi, cette dernière se met à travailler dans ce café où tout le monde la croit être un homme…
⚠️ Attention, la suite de l’article contient du spoil majeur. Arrêtez de lire si vous n’avez pas encore vu la série et que vous souhaitez garder la surprise !
Des relations amoureuses hors du commun ?
Tout d’abord, penchons-nous sur la romance entre les deux protagonistes : Go Eun-chan et Choi Han-gyeol.
Bien qu’elle soit emblématique, leur romance n’est pas des plus commune dans le monde des dramas. Leur relation débute sur un énorme malentendu, classique jusque-là. En revanche, la formation de leur relation est très naturelle et progressive : leur relation commence sur une base d’amitié solide, ils sont complètement à l’aise l’un avec l’autre.
Quand leur histoire se développe, on fait face à un Han-gyeol complètement déboussolé face à ses sentiments pour Eun-chan, qu’il croit être un homme. Ce questionnement auquel il fait face quant à sa potentielle homosexualité est extrêmement intéressant pour l’époque. Dans l’épisode 10, Han-gyeol se dit prêt à aimer Eun-chan, peu importe qu’elle soit un homme ou un alien, idée particulièrement novatrice. Ici, la phrase “L’amour n’a pas de genre” prend tout son sens. Évidemment, Eun-chan étant une femme, cette idée n’a pas été poussée, mais c’était tout de même un petit pas en avant pour l’époque.

La force de la romance entre Eun-chan et Han-gyeol est sans aucun doute leur relation fusionnelle, très touchante à visionner. La taquinerie est au centre de leur relation, avec finalement assez peu de moments romantiques. C’est aussi la raison pour laquelle cette romance se démarque des autres, elle semble très réaliste et il est facile de s’y identifier. Les deux protagonistes ne tentent pas de s’emprisonner l’un avec l’autre, bien au contraire, ils souhaitent s’élever mutuellement vers le haut.
Désormais, penchons-nous sur la romance de nos personnages secondaires : Han Yoo-joo et Choi Han-sung.
Cette romance secondaire nous expose deux personnages se connaissant depuis une dizaine d’années. On fait face à un couple amoureux mais très instable. Au départ, Yoo-joo a l’ascendant sur Han-sung. Mais lorsque ces deux derniers se remettent en couple au début du drama, Han-sung éprouve une attirance pour Eun-chan, et va même jusqu’à tromper Yoo-joo. C’est à ce moment précis que leur relation devient intéressante : les rôles s’inversent. Han-sung qui, jusque-là, avait toujours aimé inconditionnellement Yoo-joo, se retrouve à la délaisser car il tombe sous le charme d’une autre femme. Et d’un autre côté, Yoo-joo qui délaissait et trompait parfois Han-sung dans le passé se retrouve à subir de plein fouet ce qu’elle lui faisait subir. Mais dans cette impasse, on se retrouve extrêmement surpris par la franchise et la communication dont ces deux personnages ont fait preuve.
Enfin, la grossesse de Yoo-joo est également un sujet peu fréquent dans les dramas. Malgré le manque de détails à ce sujet, il semble que Yoo-joo ait perdu cet enfant. Il aurait donc été intéressant d’en savoir plus sur les circonstances de cette perte. Mais ce tragique événement nous montre que, malgré tout, Han-sung et Yoo-joo restent soudés.
La représentation que ces deux personnages nous proposent de l’amour est inhabituelle mais terriblement réaliste : ils s’aiment, se lassent, sont attirés par d’autres gens… Bref, leur relation évolue au fil du temps.
La représentation des femmes
Bien qu’il n’y ait que peu de femmes dans ce drama, elles sont loin des clichés habituels. En effet, elles sont toutes relativement indépendantes, ne voulant pas vivre aux crochets des hommes.
Go Eun-chan est une femme têtue qui dit tout haut ce qu’elle pense. Elle veut absolument avoir une situation stable avant de se marier pour ne surtout pas dépendre de Han-gyeol. Le fait que ce soit elle qui parte à l’étranger pour ses études et que lui l’attende pendant 2 ans était d’ailleurs un détail très appréciable (cela change de la femme qui attend que l’homme riche revienne…).

Han Yoo-joo, elle, est très indépendante et carriériste, son métier est sa priorité. Elle est franche et ne se laisse pas influencer par ce que l’on attend d’elle.
En revanche, ces représentations de femmes indépendantes viennent parfois se heurter à la réalité de la société. Les personnages d’Eun-chan et Yoo-joo ont elles-mêmes des discours parfois assez fermés sur la place des femmes, dans le couple notamment : une femme se sent forcément heureuse dans une cuisine, une bonne épouse sait bien faire le ménage ou cuisine forcément pour son mari… Ces idées reçues exprimées par les deux personnages féminins du drama sont probablement révélatrices de la vision des femmes en général, quant à leur place dans le couple.
Et lorsque l’on apprend qu’Eun-chan est une femme, les critiques sur sa personne battent leur plein. Les autres hommes du Coffee Prince (Jin Ha-rim, Hwang Min-yeop et No Seong-gi) la traitent complètement différemment, à tel point que l’on ressent que le drama date d’il y a 18 ans. De plus, le physique et le comportement d’Eun-chan commencent à se faire attaquer au même moment : sa coiffure n’est pas belle, elle s’habille mal, elle n’a pas de seins, elle ne se comporte pas comme une fille… Ces critiques surgissent dès que tout le monde apprend qu’elle est une fille, ce qui est bien la preuve que les femmes reçoivent constamment des remarques des hommes. Le but du drama n’était probablement pas de mettre en lumière ces critiques incessantes auxquelles font face les femmes, mais les réflexions des personnages masculins permettent tout de même de montrer cette réalité sociétale dans une Corée plus conservatrice et machiste qu’aujourd’hui.
Le mariage, un élément central
Dans The 1st Shop Of Coffee Prince, l’importance du mariage ne cesse d’être exposée. En effet, la question du mariage passe au centre de l’intrigue dans les derniers épisodes..
Dans l’épisode 14, quand Han-gyeol présente Eun-chan à sa famille, cette dernière est totalement réticente à l’idée que leur fils/petit-fils sorte avec elle. La grand-mère et la mère d’Han-gyeol ne la trouvent pas belle et pas assez féminine, qu’elle ne se comporte pas et ne ressemble pas à ce que devrait être une potentielle future épouse. Cette scène montre bien l’intransigeance des familles coréennes quant au mariage et au paraître : parce qu’Eun-chan n’est, selon eux, pas assez bien physiquement, alors il est hors de question que leur fils se marie avec elle un jour.
De la même façon, lorsque cela ne touche pas au physique d’Eun-chan, c’est alors ses potentielles actions qui posent problème pour la famille d’Han-gyeol. Eun-chan vient d’une famille modeste, par conséquent, la famille est persuadée qu’elle a séduit Han-gyeol uniquement pour son argent. Et au-delà de ça, le simple fait qu’elle ne soit pas fortunée dérange car ils ne sont pas de la même classe sociale.

De la même façon, Yoo-joo semblait réticente au mariage et à l’idée de devenir une épouse comme la société l’attendait d’elle. Mais après beaucoup de réflexion et lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, elle finit par accepter de se marier avec Han-sung. Yoo-joo se dit que cela serait étrange si les parents de son futur enfant ne vivent pas ensemble. Ils finissent donc par se marier, mais même si leur amour est bien réel, il semble que Yoo-joo ait accepté en majeure partie pour que leur famille ait l’air normale aux yeux de la société et pour son futur enfant.
Et l’amitié, dans tout ça ?
Comme nous l’avons dit dans l’introduction, The 1st Shop Of Coffee Prince est avant tout connu pour son côté “feel good”. Et ce côté léger existe en majeure partie grâce à l’équipe travaillant au Coffee Prince : Jin Ha-rim, Hwang Min-yeop, No Seong-gi, Hong Gae-sik, et évidemment Go Eun-chan et Choi Han-gyeol.
Ces six personnages constituent une équipe de travail emblématique, à qui nous devons presque toutes les scènes humoristiques du drama. Bien qu’au départ leur entente les uns avec les autres ne soit pas gagnée, leurs relations évoluent petit à petit. Une bonne ambiance surgit alors lorsque ces personnages sont tous ensemble.
Malgré leurs nombreux défauts, ces personnages deviennent tous très attachants. Voir leur investissement dans la romance entre Eun-chan et Han-gyeol était d’ailleurs très comique et utile. En effet, ils ont permis à nos deux protagonistes de régler un grand nombre de leurs disputes, ce qui était appréciable.

L’amitié entre Eun-chan et Han-sung mérite également qu’on en parle. En effet, bien qu’ils se soient aimés mutuellement mais avec le mauvais timing, leur amitié est restée solide. Contrairement aux personnages du Coffee Prince, leur amitié est beaucoup plus sérieuse, davantage basé sur la confidence.
La scène finale illustre d’ailleurs parfaitement l’essence de ce drama, à savoir l’amour entre les individus.
Un drama ancré dans son époque… mais pas tant que ça !

Pour conclure cet article, The 1st Shop Of Coffee Prince est un drama qui mérite d’être visionné au moins une fois, même en 2025. Malgré le fait que ce drama date d’il y a maintenant 18 ans, il nous fait ressentir cette nostalgie réconfortante des années 2000, une période où la technologie et les placements de produits occupaient une place moindre dans nos quotidiens.
Évidemment, comme abordé dans l’article, les défauts liés à l’époque du drama sont considérables, notamment au sujet du traitement des femmes. Ces défauts ne sont pas à banaliser, mais même si cela reste un drama, la façon dont certaines répliques ont été écrites peut être révélateur de quelques réalités sociétales de ces années-là.
En revanche, lorsque l’on visionne ce drama, on constate plusieurs éléments plutôt innovants pour l’époque : des femmes carriéristes, un amour non-genré, des relations romantiques hors des clichés… Bref, des éléments qui permettent à ce drama de durer à travers le temps.
Entre émotion et humour, The 1st Shop Of Coffee Prince est un classique imparfait mais qui a sa place sur vos écrans !
Article par Anaïs