Le vendredi 17 mars 2023, Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre qui sont tous les deux chargés de cours à Science Po, nous ont partagé leur savoir sur le Soft power coréen.
K-pop Soft power et culture globale, un livre écrit par Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre
Tandis que la Hallyu, qui représente la vague de produits coréens, déferlant sur le reste du monde, suscite, à la fois, un intérêt et une incompréhension.
PSY, 2ne1 avec Microsoft, BTS, Parasite ou encore Squid Game. La Corée, à travers sa culture, attire indéniablement.
Cependant, nous pouvons nous demander, comment se fait-il que la Hallyu ait pris une part si imposante en un temps record ?
Dans cet ouvrage de Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre, est expliqué comment la pop culture coréenne, à son apogée, favorise une exportation de produits culturels esthétiques. De même que le profit de la Corée du Sud, qui connait un succès planétaire, se remettant sur pied suite à la colonisation japonaise et à la Guerre des deux Corées l’ayant profondément affaiblit. La globalisation culturelle coréenne, une revanche du Japon et un défi grandissant pour les États-Unis ?
La conférence comme travail de recherche sur le phénomène culturel coréen global
Vincenzo Cincchelli a pu expliquer ses dires dans un échange avec Sylvie Octobre autour d’une assemblée prête à les écouter attentivement.
La question que les deux chercheurs ont posée dès le début, semble logique. Pourquoi se sont-ils intéressés à ce phénomène alors même qu’ils sont grands consommateurs de produits culturels ?
Depuis les années 1960, la jeunesse s’est accaparée d’une société de consommation avec le modèle d’hégémonie américaine en contexte de Guerre Froide.
Pour que la pop culture devienne la clef du soft power, il faut porter une importance aux diasporas, aux différences culturelles.
Pourquoi et comment la culture coréenne s’exporte jusqu’en France ?
Dans une société cosmopolite telle que la France, avec des différences culturelles très fortes, il n’est donc pas étonnant qu’elle s’ouvre à d’autres cultures, car l’accès à la culture passe par la consommation.
Dans un monde de compétition culturelle accrue, la puissance américaine est connue, mais le Japon aussi, par sa grande culture noble, esthétique (cérémonie du thé) par exemple.
L’enjeu y est extrêmement fort, d’autant plus que le marché est extrêmement lucratif.
La Japan cool, c’est le phénomène de ceux qui ont connu le Japon grâce à la culture pop et fait oublier l’image du Japon, l’impérialisme et le fanatisme. Avec l’image de travailler dur et suivre ce que l’occident faisait, mais on voit ensuite que cette réflexion est erronée. Et grâce à l’arrivée du manga en France, car nous sommes le 2e pays consommateur mondial avec Goldorak, Dragon Ball etc qui arrivent à ouvrir la voie à ces cultures non-occidentales.
Ce qui peut être étonnant en vue des critiques très fortes quant au Bollywood et au Nigeria qui deviennent de grands exportateurs de films et musiques.
De plus, le taux de pénétration internet haut débit en France (2e mondial après la Corée) favorise la diffusion de Manhwa, K-dramas, etc.
Niveau de formation scolaire considérée comme bonne avec une population de jeunes diplômés avec une forte appétence culturelle.
Question de la diplomatie culturelle : utiliser les produits culturels à des fins d’identité nationale
Aujourd’hui, lorsque l’on parle de la Corée, on oublie son passé pauvre, avec la fin de la Guerre de Corée, elle avait l’économie la plus faible du monde.
Si l’on faisait une cartographie de l’économie coréenne depuis la Guerre de Corée, le soft power coréen est bien présent, mais pas seulement.
En plus des produits culturels, les coréens exportent des produits de haute technologie, de la mode, de la K-beauty mais aussi, de la K-food.
Alors que l’Asie en général est un continent conflictuel avec beaucoup de tensions et de difficultés relationnelles, économiques et politiques entre ses pays, la Corée entreprend vers la Chine. Marché de masse, qui a été le premier à être touché par la Hallyu dans les années 1990.
La Corée, un modèle de réappropriation basé sur la success school qui met en avant les fans de K-pop comme rôle principal, dans le partage de la culture coréenne
Une idée de base, qui est de proposer un narratif très inclusif, pour inclure le plus de monde. Dans un enjeu géopolitique actuel, la jeunesse représentée par BTS à l’ONU le 24 septembre 2018, avec un objectif d’ancrer la jeunesse sur le devant de notre génération, et avec la Love myself campaign.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux fans font la promotion de leurs idoles, ils sont mobilisés pour diffuser la culture en utilisant un lien trans-médias avec les idoles.
C’est la raison pour laquelle, lorsque l’on tombe dans un des leviers de la Hallyu, on est attiré par les autres. Les idoles sont sur plusieurs leviers en même temps, car un idole est chanteur, acteur, il cuisine, il est fashion, et ils ont leur collaboration avec des marques de cosmétiques.
Des messages basés sur les trois piliers des émotions coréennes
En insistant fortement sur le love yourself et pas seulement le feel good : il y a une idée acceptation de soi, mais avec les autres. Et les musiques sont un moyen d’accompagner chaque personne dans les étapes de leur vie. Notamment, avec des messages pour prendre le pouvoir pour soi (empowerement) face aux difficultés de la vie comme les déceptions amoureuses et le harcèlement.
Le Jeong, New romance et le Han sont les émotions à la base de la société coréenne.
Premièrement, le Jeong et la New Romance expriment un profond attachement, un lien puissant qui unit individus, avec générosité et affectation mutuelle indéfectible.
Le Jeong représente une confiance qui s’installe dans la durée. Un sentiment qui existe à la fois sur le plan professionnel, amical et sentimental.
Tandis que le Han est une sorte de beauté de la douleur, la souffrance d’une partie prenante de la population suite à la colonisation japonaise très douloureuse pour les coréens.
Cependant, il y a une grande part de burlesque, notamment dans les K-dramas. Avec des individus très portés sur le toucher et les affections corporelles, des pets, des rots, dans les scènes dans K-dramas qui n’ont rien à voir avec le contexte principal, pour relativiser du Han et du Jeong.
La culture coréenne comme schéma complet du cycle de la vie
Chacun des leviers de la culture coréenne est susceptible d’aider dans les moments de difficulté. Avec ce mouvement continuel de la vie, et à travers ces 3 émotions que nous traversons quotidiennement.
Finalement, nous avons vu les tenants et les aboutissants d’une société se construisant sur le soft power.
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