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[K-Drama] Na Baek-jin, la chute de l’antagoniste puissant de Weak Hero Class 2 

Les créations de grands méchants dans les fictions sont souvent accompagnées d’une morale, mais rares sont celles qui marquent autant que Na Baek-jin. Il n’est ni héros, ni victime, ni monstre. Personnage très complexe, à la fois humain et tiraillé, il fascine par sa froideur méthodique et son regard glacial. Il cache derrière sa façade d’élève modèle et de stratège impassible, une solitude profonde et un besoin d’être accepté dans son monde. Le scénario de la saison 2 en fait une construction fascinante, au fur et à mesure qu’il gagne en puissance et autorité, Baek-jin se perd.

L’équipe de Kpop in Paris vous propose un retour sur ce personnage construit savamment.

Une première saison plaçant le décor

Weak Hero Class, depuis sa saison 1, (vous pouvez retrouver notre résumé ici) cache une réelle réflexion sur la hiérarchie, la loyauté, le harcèlement et la survie dans un monde où la force et la violence priment. Le drame scolaire pointe du doigt le harcèlement systémique. Yeon Si-eun, le personnage principal devient l’incarnation d’un élève victime de sa faiblesse apparente mais refusant sa position, il utilise son savoir pour se défendre et calmer les jeux de pouvoirs. Son personnage d’élève modèle et réservé, devient malgré lui un symbole de résistance et répondra au harcèlement par guerre méthodique. Lui aussi est une figure très complexe et fascinante. 

La série soulève des questionnements et des enjeux majeurs : comment ce système de domination fabrique les méchants ? Les harceleurs étant souvent d’anciens harcelés, les plus faibles se construisent sur l’idée qu’il faut dominer pour ne plus être dans cette position. Aussi, au travers de Su-ho et Beom-seok la série explore les traumatismes, le besoin d’appartenance et de reconnaissance. Tous agissent pour ne pas être la prochaine victime.

En effet, visuellement, les couloirs et salles de classe deviennent des champs de bataille silencieux où aucun adulte (professeurs ou parents) ne prend vraiment au sérieux ce qu’il se passe. Cette inaction montre bien à quel point les étudiants se retrouvent seuls livrés à eux-même. 

En parallèle, la compétition scolaire et la pression sociale dans leur quotidien favorisent plus plus forts. Les personnages comme Beom-seok dans la saison 1 ou Baek-jin dans la saison 2 montrent que ce n’est pas seulement la violence qui attise la violence, mais reflètent les conséquences du système qui est en place. 

Du silence à la domination : la construction d’une figure de pouvoir

La deuxième saison, avec l’apparition de Baek-jin, bouleverse le récit et donne un nouveau dynamisme à l’histoire. Pendant que Si-eun traverse ses traumatismes, autour de lui la violence est un quotidien. Le Syndicat regroupant les étudiants les plus forts des lycées aux alentours, dirigé par Baek-jin, gagne en puissance. Cherchant à atteindre le lycée de Eunjang où se trouvent les personnages principaux (Si-eun, Baku, Go-tak et Jun-tae), le Syndicat finit par toucher Si-eun et ses nouveaux amis.

Na Baek-jin, d’abord silhouette muette, apparaît en donnant des ordres sans hausser la voix. Il ne parle que suffisamment, jamais trop. Son personnage crée son autorité à partir de son silence et de la crainte de ses camarades. La mise en scène silencieuse du personnage crée de la peur et de la crainte, et traduit de son besoin de contrôle sur chaque situation.

Très vite, il est mis en avant, on le voit gagner un prix d’excellence en mathématiques, être le plus fort dans toutes les bagarres mais aussi être le chef de cette mafia étudiante. Malgré son excellence on se rend ainsi compte que ce qui l’anime n’est pas le pouvoir, mais le pouvoir est devenu une technique de défense afin de ne plus être impuissant.

Lors de la scène où l’on voit Hyo-min l’attirer dans un piège lors de l’épisode 3, Baek-jin est mis en scène comme s’il était un monstre ou un serial killer. Cette scène met parfaitement en lumière toute la puissance de Baek-jin, son attitude froide, sa confiance en lui et son calme.

La riva-mitié entre Baek-jin et Baku

Pour comprendre le développement de l’antagoniste Baek-jin plus profondément, il faut remonter à l’origine de son amitié avec Baku, un des personnages principaux de la saison 2. Pour cela on nous montre des flashbacks à des moments clés de la série. On y découvre Baek-jin jeune, harcelé, humilié et incapable de se défendre. Baku l’aide et le sauve forgeant un lien d’amitié puissant entre ces deux protagonistes. De plus, Baku lui apprend à se défendre et à se battre pour ne plus être considéré comme une victime et tenir tête aux harceleurs. Ce moment fondateur du personnage de Baek-jin est presque sacré, Baku s’émancipe de la violence tout en voyant son ami tomber dans la soif de pouvoir. Par la suite, Baku se confiera à Si-eun sur le fait qu’il ne veut plus apprendre à quiconque à se battre de par le basculement tragique de Baek-jin.

On pourrait traduire le dualisme entre ces deux personnages. D’un côté Baku représente la violence libératrice, de l’autre Baek-jin la violence comme un contrôle.

Leur amitié rivale se traduit ensuite dans la série par le fait que Baku est constamment interpellé pour revenir auprès de Baek-jin. Ce dernier multiplie les stratégies pour ramener Baku à ses côtés, quitte à le manipuler, le provoquer ou le blesser. Tentant de combler le vide de Baku par le contrôle et la puissance, l’amitié se transforme petit à petit en domination. L’obsession de possession de Baek-jin devient un rempart contre le sentiment d’impuissance et de perte, de par son passé d’orphelin sans figure stable autour de lui. Si ce n’était que Baku dans son enfance.

Si-eun le miroir de Baek-jin

Et c’est là aussi qu’entre en jeu la rivalité entre Baek-jin et Si-eun. Si-eun est un miroir de Baek-jin, il est tout aussi intelligent, perspicace et a de l’affection de Baku. Tous deux excellent également en mathématiques. 

Lors de leur première rencontre où Si-eun entre dans le repère du Syndicat puis dans le bureau de Baek-jin, Si-eun s’impose. Baek-jin lui conseille de ne pas être ami avec Baku, ce qu’il accepte puis finit par un conseil pour résoudre ses maths : “commence par définir les paramètres”. C’est à ce moment que le scénario pose la rivalité entre ces deux personnages. Cette réflexion revient en effet plus tard, lors d’un face à face où la tension devient explicite : “Tu me disais de définir les paramètres, moi je préfère les détruire.” Cette phrase résume leur opposition philosophique. Là où Si-eun veut comprendre le monde, Baek-jin veut le plier à sa volonté. 

Cette jalousie qui est tissée entre Baek-jin et Si-eun est cependant moins haine que douleur. Ainsi, Si-eun reflète ce que Baek-jin aurait pu être s’il avait choisi la compréhension plutôt que le contrôle et la domination.

Le lycée d’Eunjang contre le Syndicat

Par ailleurs, la rivalité entre Baku et Baek-jin s’intensifie à mesure que ce dernier touche à son père et ses amis. Notamment lorsque Baku défend Si-eun contre Baek-jin. Cette trahison, Baek-jin est incapable de l’accepter et frappe son propre ami dans un accès de colère, qui n’est en réalité qu’un geste désespéré.

Cette tension, dans leur amitié, se traduit finalement lors du tout dernier affrontement, qui est par ailleurs très imagé. Scénaristiquement on voit dans l’ensemble de la saison les étudiants d’Eunjang en tenues d’écoliers symbolisant vraiment une jeunesse et un sérieux. A l’opposé, les membres du Syndicat sont habillés avec leur tenue de ville, streetwear ou jogging, traduisant une personnalité forte. Lors de l’affrontement, cette dualité est mise en avant comme si le sérieux et le bien affrontait la délinquance et l’excentrisme.

Lorsque tout semble annoncer la victoire du Syndicat, Baek-jin s’arrête. Il aurait pu vaincre Baku glacialement, mais ne le fait pas. Le “monstre” s’efface et l’espace d’un instant, il redevient l’enfant qui avait son meilleur ami. 


⚠️ Attention, la section suivante contient du spoil majeur. Arrêtez de lire si vous n’avez pas encore vu la série et que vous souhaitez garder la surprise !


Les trois facettes du mythe de Baek-jin

Pour finir, après la bataille finale dans les crédits de fin, on voit une scène de l’enterrement de Baek-jin. Bien que pour l’instant on ne sache pas quelle est la cause de sa mort, ce qui reste peut-être un mystère à élucider dans la prochaine saison, on a plusieurs hypothèses : 

  • D’une part, il s’est suicidé. Ce qui est très intéressant scénaristiquement car tout dans le personnage de Baek-jin laisse croire qu’il n’a aucune attache et qu’en perdant la bataille il a tout perdu, même son meilleur ami. Il aurait mis fin au fait qu’il ne pouvait plus rien contrôler ? 
  • D’autre part, le meurtre de la part du chef de la mafia Cheongang. Il l’avait déjà menacé, que s’il avait encore des problèmes avec Baek-jin, il allait le tuer. Aussi, avant la scène de sa mort, le chef de la mafia demande à Seong-je de prendre la suite de Baek-jin. Ainsi, le système éliminerait ce qu’il ne peut pas contrôler ? 
  • Enfin, Baek-jin aurait stratégiquement planifié sa mort afin de disparaître. Comme l’excellent joueur d’échecs qu’il est, aurait-il pu chercher à disparaître afin de recommencer ailleurs ?

Dites-nous en commentaires ce que vous avez pensé de la mise en scène de la mort de Baek-jin, et quelles sont vos théories !

Quand la méritocratie fabrique des héros fragiles

Na Baek-jin est un personnage intéressant à analyser, il représente un archétype de l’antagoniste moderne qui n’est pas méchant pour être seulement méchant. Au travers de son parcours, on comprend qu’il a été blessé et cherche seulement à se retrouver. Il joue comme un miroir, celui de Si-eun mais aussi celui de certains d’entre nous. Via la complexité de son développement, la série critique une méritocratie qui transforme la douleur en performance. La société, marquée par la compétition scolaire et la réussite individuelle, fabrique des jeunes obsédés par la puissance et la domination. Baek-jin est le produit monstrueux d’un système qui lui échappe et valorise la perfection, pas la compassion. 

Au fond, la série n’oppose pas le bien et le mal, mais la peur et la tendresse. Weak Hero Class 2 ne parle pas de violence, mais de la fragilité qu’elle masque. Et c’est peut-être pour cela que Na Baek-jin, derrière sa froideur reste inoubliable, parce qu’il incarne cette part de nous qui aimerait tout contrôler et être parfait pour ne plus souffrir. 

Est-ce-que selon vous Na Baek-jin est un héros fragile ? 

Article par Ambre

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